PR

Un vaccin contre l’hépatite C ?

L’hépatite C concernerait environ 200 000 personnes sur le territoire français, une maladie du foie d’origine virale qui peut entraîner des effets dramatiques si elle n’est pas soignée.

Afin de mieux connaître cette pathologie, nous avons interviewé Philippe Roingeard, professeur d’université et praticien hospitalier, chercheur en virologie au sein de l’unité INSERM de l’université de Tours.

Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est exactement l’hépatite C ?

‘C’est une maladie issue du virus du même nom. Elle infecte le foie de façon silencieuse et peut passer inaperçue pendant 20 à 30 ans. 20 % des infections peuvent évoluer de manière favorable et 80 % sont chroniques c’est-à-dire qu’elles peuvent potentiellement se transformer en infections graves du foie comme la cirrhose ou le cancer du foie.’

 
Comment se manifeste la maladie ?

‘Une très grande fatigue apparaît dans un premier temps puis un ictère (ou jaunisse, la peau des sujets devient jaune à cause de l’accumulation dans les tissus de bilirubine), une insuffisance hépatique et des signes digestifs. Cela prend des années avant l’amplification des signes cliniques et le diagnostic. Les premiers dépistages datent du début des années 90. Le virus n’était, jusque-là, pas identifié. Les personnes transfusées sont maintenant systématiquement dépistées, mais le virus continue à se transmettre chez les toxicomanes et dans les pays en voie de développement à cause de matériels non ou mal stérilisés. Il existe aussi des transmissions intrafamiliales, nous avons notamment le cas en Egypte, certainement à cause d’une goutte de sang sur une brosse à dents ou d’un geste insignifiant de ce type.’

Comment prévient-on la maladie ?

‘C’est justement ce que je m’emploie à faire en ayant mis au point un vaccin contre les hépatites B et C. Les traitements sont efficaces lorsque la maladie est dépistée suffisamment tôt. Il est malheureusement trop tard lorsqu’une cirrhose est enclenchée. D’après les derniers chiffres de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), deux millions de nouvelles personnes seraient infectées dans le monde chaque année. La prévention auprès des toxicomanes concernant des protocoles d’échanges de seringue et sur la stérilisation des matériels chirurgicale est enseignée à travers le monde.’

Peut-on guérir de l’hépatite C ?

‘Oui, si l’infection est traitée à son début, le malade peut en être débarrassé en trois mois. Les molécules antivirales qui composent les médicaments éliminent le virus. Mais 15 % des 80 % de malades chroniques développent une maladie grave. Une cirrhose continue malgré tout d’évoluer même si le virus a disparu.’

Quels sont les traitements ?

‘Les antiviraux action directe sont efficaces, car ils bloquent la multiplication des cellules. Deux ou trois molécules différentes selon les cas composent un même comprimé. Un traitement médicamenteux classique révolutionnaire qui, avec une seule prise par jour pendant 8 à 12 semaines, éradique le virus.’

Où en est l’avancée du vaccin ?

‘Le vaccin contre l’hépatite B et l’hépatite C est développé, il a fait ses preuves sur de petits animaux. Nous recherchons actuellement des financements pour le tester sur l’être humain. En effet, nous devons le produire dans des conditions réglementaires et réaliser des essais cliniques avant de le commercialiser à grande échelle.’

‘Nous ne serons pourtant pas si vite débarrassés de l’hépatite C. Les médicaments ne fonctionnent pas sur tous les individus et certaines personnes continuent de développer le virus. Nous devons encore travailler sur la prévention, car il arrive que, par exemple, des toxicomanes se réinfectent même après avoir éliminé le virus une première fois.’

https://www.femape.org/actu-et-projets/actualite/sante/34-article-sante-maladies-infectieuses-et-tropicales/80-un-vaccin-contre-l-hepatite-c

Danièle Langloys

Etre autiste, qu’est-ce que cela veut dire ?

L’autisme est un trouble plus ou moins sévère du neuro-développement. Il peut être détecté à partir de l’âge de 18 mois. Inguérissable, il persiste chez l’adulte sous plusieurs formes. D’après les statistiques, cette maladie concernerait environ 700 000 personnes en France.

Pour nous éclairer sur le sujet et répondre à nos interrogations, nous avons contacté la Présidente d’Autisme France, Madame Danièle Langloys. L’association milite pour l’accompagnement des personnes autistes tout au long de leur vie dans le but de leur apporter une meilleure qualité de vie.

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est réellement l’autisme ?

‘C’est un trouble du développement du cerveau chez l’enfant. Il est caractérisé par des problèmes de communication verbale ou non verbale, un manque d’interactions sociales, des dysfonctionnements comportementaux et des réactions inhabituelles. Il existe différentes catégories de personnes :

-       –   les autistes sévères qui ont des troubles du développement intellectuel associés, environ 30 % d’entre eux sont épileptiques et 30 % sont hyperactifs,

-       –   les personnes qui ont des compétences cognitives élevées et exceptionnelles : celles-ci se sentent incomprises et manifestent des signes de dépression, quotient intellectuel et adaptation sociale ne sont pas corrélés,

-        -  les profils moyens adaptables sur le plan social, ceux-là peuvent repérer leurs difficultés et apprendre à vivre avec, ils ont une aptitude à comprendre leur fonctionnement.’

Quels facteurs provoquent cette maladie ?

‘Des recherches passionnantes et coûteuses sont menées au niveau international. Il ne s’agit pas d’une pathologie génétique à proprement parler, mais à priori d’une forte héritabilité. De nombreuses causes seraient à l’origine de ces Troubles Envahissants du Développement notamment les facteurs génétiques et environnementaux, influençant le développement du cerveau avant et après la naissance. La recherche a pu isoler une centaine de gênes dont elle est sûre, mais les travaux sont en cours et les conclusions ne sont pas encore connues précisément.’

Existe-t-il des traitements appropriés ?

‘Non, il n’existe pas de traitement pour soigner l’autisme. Les médicaments prescrits à certains autistes sont destinés à les soulager des effets provoqués par la maladie comme l’épilepsie, la dépression, l’hyperactivité, les comportements agressifs ou agités… Ces symptômes comportementaux peuvent être régulés par les médicaments. Le point essentiel sur lequel il est primordial de travailler est l’éducation. En effet, une personne atteinte d’un trouble autistique doit être en permanence rassurée pour éviter les situations comportementales compliquées. Il faut apprendre à structurer l’espace et le temps, prévoir ses besoins et anticiper l’organisation temporelle de la journée. Les contraintes sociales doivent être aménagées, car l’autiste a peu de capacités adaptatives.’

Comment les malades sont-ils accompagnés quotidiennement ?

‘La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées devait permettre aux enfants détectés autistes de vivre en milieu ordinaire, mais l’école n’est pas très inclusive. En effet, des aides sont prévues lorsqu’un enfant présente un handicap technique : cécité, surdité, handicap physique… mais peu de dispositifs sont mis en place pour les porteurs de particularités cognitives et environnementales. Le cerveau d’un enfant autiste ne fonctionne pas à la même vitesse et de la même manière. Des outils pédagogiques commencent à apparaître, mais les enseignants ne sont pas formés et pas soutenus. Au Canada, par exemple, les enseignants sont formés et secondés par un deuxième enseignant et par une équipe médicale : psychologues, orthophonistes, ergothérapeutes…

Les autistes souvent ne parlent pas et ne savent pas identifier et exprimer où elles ont mal par exemple. Des supports visuels apparaissent sur le marché, certains enfants apprennent la langue des signes et savent grâce aux apprentissages identifier et exprimer des émotions. L’éducation est importante pour se conformer au monde environnant, se faire accepter de la société et apprendre les codes sociaux. Etre autiste est fatigant, tant d’efforts sont demandés pour s’adapter à ce qui l’entoure. L’autiste ne peut repérer qu’une information à la fois ce qui impose à l’enseignant beaucoup de rigueur, de cohérence et de classement.’

Nous parlons des enfants, mais quelle place est réservée aux autistes une fois adultes ?

‘C’est un désastre ! Ce sont les grands absents de tous les plans successifs ! Le défi pour leur intégration est international. Environ 30 % ont des besoins majeurs et à vie 24 h/24. La France n’a jamais anticipé le fait que les enfants autistes seront un jour des adultes. Aucune aide n’est prévue pour eux et ils devront attendre entre 10 et 20 ans qu’une place en foyer se libère. Nous avons quatre fois plus d’adultes que d’enfants à accompagner. 30 % ont un niveau d’autonomie très faible. Ce sont souvent des adultes rejetés, dé-sociabilisés qui vivent dans la précarité et que l’on peut retrouver parmi les SDF. Cette population a besoin d’une remédiation cognitive, d’ateliers d’estime de soi et autres rééducations liées notamment à la dyspraxie, à l’hyperactivité… Les adultes sont le point noir des dispositifs, aussi les plus vulnérables.’

Comment avance la recherche ?

‘L’autisme est une pathologie des synapses, les connexions entre les neurones ne sont pas faites ou faites de travers. Une équipe de recherche israélienne travaille sur des neurones artificiels pour réparer les gènes défectueux et rétablir les connexions synaptiques. Des recherches à la fois longues et très complexes à mener, mais encourageantes.’

1 à 2 % de la population mondiale présente un syndrome autistique et les 2/3 ne sont pas identifiés. De plus en plus d’adultes se font aujourd’hui dépister.

https://www.femape.org/actu-et-projets/actualite/sante/32-sante-article-neurologie/79-l-autisme

Photo Jean-Vital de Monléon

Le paludisme ou ‘fièvre des marais’

Cette maladie infectieuse est la parasitose la plus répandue à travers le globe avec 219 millions de personnes l’ayant contractée en 2017 et environ 435 000 décès par an. Appelé aussi malaria ou ‘fièvre des marais’, elle peut entraîner des décès si elle n’est pas traitée à temps.

Nous avons interviewé le docteur Jean-Vital de Monléon, pédiatre, médecin hospitalier, anthropologue, membre du conseil national de la protection de l’enfance et écrivain. Il a également créé en 1999 la première consultation française d’adoption outre-mer et s’intéresse de près à cette pathologie. Voici les questions sur lesquelles nous l’avons interpellé :

Qu’est-ce que le paludisme exactement ?

‘C’est une maladie due à un parasite microscopique, elle est transmise par la piqûre d’un certain type de moustique : la femelle anophèle. Si le palu, comme on le nomme communément, a été autrefois actif en Camargue, en Corse et dans les Dombes, il n’est aujourd’hui repéré qu’en Guyane et à Mayotte pour ce qui concerne les territoires français. Ce type de moustique affectionne les zones chaudes et humides comme les forêts et les marécages d’Afrique, d’Asie du Sud-est et d’Amérique latine.’

Comment se manifeste la maladie ?

‘La fièvre est le diagnostic principal. Si une personne est rentrée d’une des zones citées ci-dessus depuis moins de trois mois, il est impératif de penser immédiatement à cette pathologie afin que le patient soit pris en charge au plus tôt. La maladie peut se dégrader avec des symptômes de grosse fatigue, des frissons, une transpiration anormale puis des défaillances viscérales et des atteintes cardiaques. Une détection rapide de la maladie n’occasionnera pas de séquelle.’

Comment prévient-on la maladie ?

‘Des traitements médicamenteux existent, ceux-ci sont prescrits pour les séjours longs de plus de huit jours et de moins de trois mois. La prévention mécanique est au moins aussi importante pour éviter les piqûres. La femelle moustique opérant dès la tombée de la nuit, il est important de se couvrir en portant des pantalons, des chaussettes, des chemises à manches longues, et en s’appliquant une pommade insecticide forte sur les zones découvertes (visage, cou et mains). Dans la maison, veiller à ce que les lits soient bien fermés pour éviter l’intrusion des moustiques, imprégner les moustiquaires d’insecticide, brancher des diffuseurs électriques d’insecticide et disposer des spirales qui se consument pour les chasser.’

Guérit-on du paludisme ?

‘Le palu se soigne facilement si le traitement est administré suffisamment tôt. Depuis une dizaine d’année, la population malade a été divisée par deux grâce aux nouveaux traitements antipaludéens de la famille des Artesunate. Des résultats très encourageants.’

Découvre-t-on des cas de paludisme sur le territoire français ?

‘Oui, beaucoup ! Surtout dans les trois mois suivant le retour de personnes ayant fréquenté des zones à risque. Par imprudence, elles n’ont pas pris le traitement indiqué ou ne se sont pas protégées. Elles ont été piquées pendant leur séjour et ont déclaré la maladie à leur retour sur le sol français. Il peut également arriver, par bonheur très rarement, qu’un employé d’aéroport se fasse piquer lorsqu’il décharge les bagages de l’avion.’

Enfin, ce qu’il faut retenir, c’est de penser absolument au paludisme lors qu’une personne a une forte fièvre et qu’elle est revenue de voyage depuis moins de trois mois. Il est aussi impératif de se protéger contre les piqûres.

 
https://www.femape.org/actu-et-projets/actualite/sante/34-article-sante-maladies-infectieuses-et-tropicales/76-paludisme-1
logo-nav

L’épilepsie, qu’est-ce que c’est ?

Cette maladie neurologique toucherait environ 500 000 personnes sur notre territoire national. On en connaît aujourd’hui mieux les causes et les traitements pour atténuer les crises qu’elle provoque.

Pour répondre à nos nombreuses interrogations, nous avons posé nos questions à un médecin spécialisé en neurologie, le docteur H., praticien dans le département de l’Yonne.

Comment définiriez-vous cette maladie ?

‘C’est une maladie au cours de laquelle une décharge électrique intervient sur une population de neurones : une même décharge, dans un même temps et au même moment. Une crise dure quelques minutes et peut se manifester d’une trentaine de manières différentes : les bras et les jambes bougent jusqu’à faire perdre connaissance et l’équilibre au patient (crise tonico-clonique), le mâchonnement, le clignement des yeux, la crise de panique… En fonction de la zone du cerveau qui a déchargé, il existe de nombreux signes cliniques plus ou moins violents qui provoquent sur l’organisme un réflexe de défense. La crise s’arrête lorsque les cellules sont épuisées sur un plan métabolique. On dit d’un malade qu’il est épileptique lorsqu’il a subi au moins deux crises. Celles-ci peuvent avoir une fréquence complètement aléatoire allant d’une tous les 5 ans à 50 par jour.’

Connaît-on les causes d’une crise d’épilepsie ?

‘Pas toujours, non. Elles peuvent ne pas avoir de cause précise ou avoir une cause cachée. Elles peuvent être génétiques ou structurelles comme une dysplasie du cerveau. Elles peuvent aussi être dues à un traumatisme crânien, un Accident Vasculaire Cérébral, un infarctus, la maladie d’Alzheimer, une infection, un diabète, une tumeur cérébrale, une méningite, un manque de sommeil, un médicament, la cocaïne, l’alcool… ‘

Est-il possible de prévenir ces crises ?

‘Non. Les crises sont imprévisibles. Elles arrivent comme ça. Par contre, nous avons des traitements qui peuvent les empêcher et qui fonctionnent plutôt bien.’

Guérit-on de l’épilepsie ?

‘Dans le cas de l’épilepsie d’absence détectée chez les enfants, une forme qui se manifeste par une déconnexion de la réalité (l’enfant reprenant ses activités tout de suite après), cette forme peut effectivement se guérir. L’épilepsie myoclonique juvénile que l’on constate fréquemment chez les adolescents est une forme que l’on soigne, mais qui revient si le traitement est interrompu. Certaines formes se guérissent. Si l’on constate une absence de crise pendant 5 années consécutives, il est possible d’arrêter le traitement. Le diagnostic est mené au cas par cas. Chacun réagit différemment aux traitements selon la cause originelle du syndrome. L’électro-encéphalogramme permet de mesurer l’activité électrique du cerveau. Son interprétation peut rendre un diagnostic précis en fonction duquel un protocole médicamenteux sera proposé au patient.’

Une opération chirurgicale est-elle envisageable pour ce type de pathologie ?

‘Oui, tout à fait. Effectivement, selon l’origine et selon des critères bien définis comme dans le cas d’une sclérose hippocampique, il est possible d’intervenir en supprimant l’hippocampe. Cet acte chirurgical, très encadré, nous permet d’obtenir d’excellents résultats.’

Rappelons qu’un suivi médical régulier et adapté à chaque malade est nécessaire pour diminuer les crises. Grâce à la recherche et aux progrès de la médecine, les personnes épileptiques peuvent désormais mener des vies quasiment normales.

                                                                                                                       Florence CAMPENON.

https://www.femape.org/actu-et-projets/actualite/35-france/article-sante-sante-mental/75-epilepsie