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Diriger une PME est-il bon pour la santé ?

Ou encore, les chefs d’entreprise sont-ils à risque de burn-out ? Diriger une PME est-il bon pour la santé ? Ce sont les questions auxquelles a tenté de répondre Olivier Torrès, professeur en management et chercheur, lors de son intervention au CJD (Centre des Jeunes Dirigeants) de l’Yonne le 6 juillet dernier. ‘Je me qualifie de PMiste, les TPE et PME représentent 99.84 % des entreprises françaises soit 7 millions d’emplois salariés et 3 millions de travailleurs non-salariés, les chefs d’entreprise.’ explique l’universitaire.’ Tous les modèles économiques sont basés sur les 243 grandes entreprises françaises pourtant minoritaires en terme d’effectifs et de chiffre d’affaires. Les PME sont plus taxées que les grandes entreprises car elles n’ont personne pour les représenter, pas de ministères des PME par exemple’, poursuit Olivier Torrès.

Un patron de TPE ou PME  n’a pas le temps d’être malade

Ou bien il tombe malade uniquement lorsqu’il est en vacances, la détente après la pression. La perte du patron peut être cataclysmique pour une petite entreprise alors que ce dernier est remplacé sous 48 heures dans un grand groupe.  Une étude a été menée par Amarok (l’observatoire qu’il a créé en 2009) sur 2400 chefs d’entreprise. Les résultats montrent que les entrepreneurs cumulent les facteurs pathogènes : le stress, l’incertitude du carnet de commande, la surcharge de travail et la solitude face à ses soucis et les décisions qu’il doit prendre seul. La contre-hypothèse est bien plus positive, en effet, le créateur ou repreneur d’entreprise a le sentiment de maîtriser son destin, fait preuve d’endurance (longues journées de travail), il est optimiste, passionné et il a la foi en son projet, c’est la salutogenèse. La balance entre les facteurs pathogènes et la salutogenèse est finalement positive et l’on peut en conclure que ‘Entreprendre est bon pour la santé’. Le dirigeant est en auto-exploitation librement consentie, ces éléments lui permettent de vivre mieux et plus longtemps, sa fonction crée de l’espoir, la capacité de se projeter et la fierté de réussir.

Pourtant il est peu encadré et il reste beaucoup à faire en matière de prévention pour créer un partenariat bienveillant. Il s’agit d’un vrai sujet de santé publique et Olivier Torrès souhaite que ses recherches soient reconnues d’intérêt général.  La santé du chef d’entreprise de TPE et PME est un sujet souvent relayé à la une de l’actualité par manque d’accompagnement.

En photo : Olivier Torrès, normalien et professeur agrégé d’économie, créateur d’Amorok basé à Montpellier, le 1er observatoire de la santé physique et mentale des travailleurs non-salariés implanté au Japon et en Suisse.

Paru le 18 juillet dans le Journal du Palais.